#Imaginaire

Les lumières de Haven

Pauline Bock

Cinq lycéens sont projetés dans l'univers merveilleux de Haven. Une Terre parallèle, volontairement bloquée au XVIIIe siècle. Le dirigeant Old Black, inspiré par la philosophie des Lumières, règne en despote éclairé sur ce havre de paix. Mais un personnage mystérieux ébranle cet édifice en révélant un secret millénaire. La révolte gronde.

Par Pauline Bock
Chez Scrineo

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Editeur

Scrineo

Genre

12 ans et +

 

 

I
S’éclipser

 

 

Toute la ville était recouverte de nuit. Seule une petite lucarne, au sommet de la Tour du Conseil, brillait encore de la lumière d’une bougie. Un jeune garçon, les yeux tournés vers le ciel, s’y était accoudé. Ils avaient travaillé si dur que le crépuscule avait filé sans qu’ils s’en aperçoivent.

– La lune se cache, déclara-t-il. Demain, nous ne la verrons pas.

Le vieil homme au bureau releva la tête d’une pile de parchemins.

– Encore cette éclipse ? Ma parole, c’est une véritable obsession.

– Quand j’étais petit, j’étais persuadé qu’il y avait des habitants sur la lune. À chaque éclipse, je me demandais où ils allaient dormir !

Ses lèvres se fendirent d’un sourire.

– Puis j’ai appris qu’ils n’habitaient pas sur la lune, poursuivit-il, mais au-delà.

L’homme au bureau posa sa plume et se leva. Lentement, les mains jointes dans son dos, il vint aux côtés du garçon et observa la lune. Un timide croissant se dessinait dans une portion d’étoiles.

– Cela fait douze ans, soupira-t-il. Les derniers parlaient de tensions mondiales, d’armes destructrices. Qui sait ce qui a bien pu se passer ?

– Crois-tu que nous pourrions être les seuls… Les survivants ? murmura le garçon d’une voix à peine audible.

– Je crois qu’il nous faut oublier d’où venaient nos ancêtres. Si le voile ne s’ouvre plus, il ne sert à rien d’espérer… Tire donc les rideaux et viens m’aider à finir les comptes, ma tête s’emmêle.

Il retourna s’asseoir. Le garçon n’avait pas bougé.

– Supposons qu’ils existent encore, dit-il sans quitter des yeux les étoiles. Qu’ils n’entendent simplement plus le chant.

– Je suis sérieux, nous devons terminer ces calculs. Il se fait tard.

Le petit garçon tira les rideaux.

– Si tel était le cas, souffla-t-il en reprenant place sur sa chaise, que crois-tu qu’ils nous diraient ?

 

***

 

– Ras-le-bol soupira Myriam en se laissant tomber sur son lit.

La journée l’avait épuisée. Quelques mois au lycée avaient suffi pour lui faire amèrement regretter le collège, temps béni où les leçons lui paraissaient encore compréhensibles. Si seulement ils avaient été là, tous les quatre ! Si seulement la distance n’était pas si grande…

Elle soupira longuement et leva les yeux vers la photo, placardée au plafond, où cinq adolescents souriaient à l’objectif.

Charlotte remontait ses lunettes sur son nez, prenant une pose humoristique. Il n’y avait qu’ainsi qu’elle observait le monde, en retrait derrière deux verres correcteurs, une façade de timidité contrastant avec un regard noir et provocateur.

Andrea avait passé le bras autour de son cou et souriait d’un air rêveur. Elle était à l’image de ses longues boucles rousses : toute de justesse et d’équilibre, resplendissante dans sa façon de se tenir discrètement droite. Son humeur égale était le ciment qui les liait tous.

À côté d’elle, dépassant tout le monde d’une tête, Julien avait pris un air faussement innocent et montrait toutes ses dents dans un sourire aussi drôle que ridicule. Un seul garçon parmi quatre filles – et ça n’avait jamais vraiment eu l’air de le perturber. Ses mèches blondes tombaient, désordonnées, sur son regard rieur : la main de Lise, serrée contre lui, les avait dérangées en voulant échapper aux oreilles d’âne qu’il lui faisait.

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24/01/2013 414 pages 16,90 €
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