Du pronom “iel” au fiel des opposants, les choix des dictionnaires en question
En octobre, la décision fut prise : celle d’intégrer le pronom personnel « iel » à la version en ligne du dictionnaire Le Robert. Malgré un usage encore faible – d’autant plus à l’oral qu’à l’écrit –, ce petit mot semble se faire une place dans la langue française. Mais qui dit changement, dit (mé)contentement…
Le 18/11/2021 à 18:03 par Valentine Costantini
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18/11/2021 à 18:03
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Ce mot-valise, encore absent du langage courant, est de plus en plus utilisé sur les réseaux sociaux. Voici sa définition, d’après le dictionnaire : « Pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel, employé pour évoquer une personne quel que soit son genre. »
Le Robert
Déjà usité par les personnes non-binaires et autres membres de la communauté LGBTQ, qui ne se reconnaissent ni dans le genre masculin, ni dans le genre féminin, « iel » fait un premier pas vers une place plus officielle dans la langue française.
L’écriture inclusive n’est pas « l’avenir de la langue française »
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Ce fut d’abord François Jolivet, député LREM de l’Indre, qui a fait part de son agacement sur Twitter ce mardi 16 novembre. Ce dernier a non seulement accusé les auteurs du Robert de « militants d'une cause qui n’a rien de Français : le #wokisme », mais aussi accompagné cette déclaration d’une lettre adressée directement à l’Académie française. Dans celle-ci, il compare la démarche du dictionnaire à « une intrusion idéologique manifeste qui porte atteinte à notre langue commune et à son rayonnement ».
À l’Éducation nationale, le ministre Jean-Michel Blanquer a adressé son « soutien » à la protestation du député. Il estime que l’écriture inclusive n’est pas « l’avenir de la langue ». Et ajouter : « Alors même que nos élèves sont justement en train de consolider leurs savoirs fondamentaux, ils ne sauraient avoir cela pour référence ».
Le Robert contre-attaque
« Les nouveaux mots répondent à un besoin », a expliqué Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale du dictionnaire Le Robert, comme rapporté par Le Figaro. « C'est le cas du mot ''iel''. La langue française est une langue genrée où il faut choisir son camp, ''il'' ou ''elle''. Certains n'ont pas envie de faire ce choix et ils ont trouvé cette solution, qui est bonne ou pas, ce n'est pas à nous de juger. Nous sommes simplement là pour rendre compte d'un usage. »
Dans un communiqué, Charles Bimbenet, directeur général des Éditions Le Robert, s’est exprimé à propos de cette polémique grandissante, souhaitant écarter toute forme de militantisme dans cette décision. Plutôt, il insiste sur le manque de « transparence » de ce mot, dont le sens ne se révèle pas à la lecture. Ainsi, il a semblé utile « de préciser son sens pour celles et ceux qui le croisent, qu’ils souhaitent l’employer ou au contraire… le rejeter ».
Avant de conclure : « La mission du Robert est d’observer l’évolution d’une langue française en mouvement, diverse, et d’en rendre compte. Définir les mots qui disent le monde, c’est aider à mieux le comprendre. » Loin du « wokisme » dont on semble accuser Le Robert, on assiste ici à un recalibrage face au développement du lexique de la langue française.
Nous avons contacté les éditions Larousse, qui publient un dictionnaire concurrent au Petit Robert. La maison a expliqué la propre démarche des rédacteurs du dictionnaire dans la sélection de nouveaux mots. Parmi les 3000 à 5000 mots et sens qui apparaissent chaque année dans notre langue, seuls 150 sont sélectionnés, d’après deux critères : quantitatif — donc la « fréquence d’usage du mot » — et qualitatif — avec la nécessité d’être « en train de passer au grand public », nous indique-t-on.
Avec, pour conclusion : « Ainsi, c’est l’usage qui pousse un mot à entrer au dictionnaire ! ». Autrement dit, le raisonnement n'est pas si éloigné de celui qui motive les auteurs du Petit Robert...
Intéressés par la possibilité d’avoir un éclairage institutionnel sur la question, nous avons contacté l’Académie française — qui n’a pas encore répondu à l’heure de la publication de cet article.
Dictionnaires, reflet de nos sociétés ?
Cette affaire n'est pas sans rappeler les différentes polémiques, partout en Europe, qui ont concerné différents dictionnaires et ce, dès 2019.
Cette année-là, au Royaume-Uni, l’Oxford Dictionary avait maintenu des définitions sexistes et offensantes au motif que ces dernières reflétaient « les usages contemporains de l'anglais ». Malgré une pétition sur le site Change.org, qui réclamait la modification de la définition « sexiste » du mot femme dans le dictionnaire, les presses universitaires avait répondu à la polémique en expliquant que les termes, leurs définitions, leurs usages, mais surtout les exemples cités, étaient tirés d'occurrences de la vie réelle — rien de plus.
En 2020, le dictionnaire Le Larousse, dans son édition en ligne, proposait des définitions de noms féminins jugées biaisées et, là aussi, sexistes. Ainsi, les mots tels que « bouchère », « boulangère », « ambassadrice », « présidente » — des noms de métier ou fonctions au féminin — présentaient un point commun : ils désignent des « femmes de ». De quoi déplaire à plus d’un — et surtout à plus d’une. Après vérification, la définition actuelle de « boulangère » propose : « Vieilli. Femme d'un boulanger, qui travaille à la boutique. »
Autre exemple, en Italie, la nouvelle édition du dictionnaire Devoto-Oli s’est récemment investie dans une redéfinition de certains termes, dans l’objectif de refléter les évolutions observées dans nos sociétés. Au total, plus de 500 mots d’usage courant ont été concernés. Ainsi, le mot « femme » offrait cette définition : « Individu féminin de l’espèce humaine : une belle femme ; une femme cultivée, élégante, raffinée ; chaussures de femme, vêtements de femme ; droits des femmes, émancipation ». Dans la nouvelle édition, on lit à présent : « Être humain adulte de sexe féminin : chaussures de femme, vêtements de femme ; coiffeur pour femmes et pour hommes... ».
via Le Point, France Inter
Crédit photo : stevepb / Pixabay
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L' albatros.
18/11/2021 à 19:34
Le dictionnaire Robert n a pas tort.
Son usage est l enregistrement des termes langagiers, écrits ou oraux qui apparaissent, de manière récente.
Mais Larousse ou l' académie n ont pas tort non plus: quantité, le nombre de l' usage et qualite.
Le nombre a l' usage : la, on tombe sur une minorité.
Donc usage restreint.
Qualite: autre problème.
Les dictionnaires de langue doivent ils tenir compte des processus de modification langagiere apportées par les maladies mentales, nevroses, psycho-nevroses?
Dans l' expression écrite et orale des malades?
Voire la reprise par d' autres souffrants?
Vaste problème.
Vaste embarras.
Y a t il souffrance mentale-- ou pas, maladie ?, a ne pas se reconnaître homme , si l' on est sexué masculin, et femme, si l'on est sexué féminin?
Ce trouble fonctionnel a la reconnaissance de ce qu' implique son image dans un miroir , et a la projection dans autrui, par la dialectique des identifications, moi pas moi, autre, meme- ce trouble doit il être considere comme benin, une fantaisie subjective, controlee, et donc- perversité, ou hypocrite- ce qui implique la reconnaissance sociale de la perversité--comme valeur, et qui dit valeur dit valeur morale, car si oui, il n y a plus aucune morale collective ou individuelle qui tiennent, toutes sont ---Dé- Jouables, contournables-- triomphe de l intérêt individuel privé, et tout autant délictueux que criminel, ou ce trouble est une lésion mentale, un premier symptome, et il est donc singulier que l' on ne le soustrait pas d un rapport social-- orthonormé quantitativement ---selon l' usage, qui est la sexuation, par la position d' un interdit fondateur qui ouvre ou inaugure la possibilité de l' autre voie, dans son défilé signifiant.
La sexuation est de l' ordre binaire comme fourche caudine de la passation, par ou se structure un désir, comme appétence de vie.
Par ailleurs, iel, est affreux: soit selon la diphtongue et le hiatus: le phoneme coupé en deux- [i/yel], cri coassant , ou[ie:l], interjection, gutturale ou nasale, cacophonie, si peu euphonique....
Par ailleurs, le pronom personnel de la troisième personne, est un pronom de nomination exteriorisante pour un locuteur, ou locutrice., pour des locuteurs.Il implique une désignation une monstration, faite d' un point subjectif qui se veut exterieur par un décompte, un locuteur omniscient ou partiel, mais en retrait de décompte d' apparences physiques.
Ramenant le protagoniste saisi selon le genre , ou le dégenre qui le marque.
Je et tu demeurent neutres de toutes sexuations, par adresse pour le 'tu', homme ou femme, les interlocuteurs.
Quant à je, le shifter de l' enonce et de l' énonciation, équivoques par principes.
Et neutre.
Par conséquent, 'iel' n a aucune raison logique d' exister, car quelquzsoit l' apparence, elle est sexuee.
Lui, cheveux longs, trans-ou travesti c est Elle.
Elle, rasee, a godes, et cuir, c est Lui.
Donc, ---il ou elle.
Nous sommes tous bien malades me semble t il.
L'albatros.
19/11/2021 à 22:41
Iel(s) ( 2 ).
Une précision.
Quand on peut parler d' un trouble comportemental d' identification, ce n ' est pas gratuit.
Les intéressés, eux même, disent qu' ' ' ils ont un problème avec l' emploi de il, ils ou elle(s).
Ce qui est étonnant, c est que cela n est jamais donné lieu a un examen, suite a une surprise d' ecoute des propos.
Comment comprendre cet enoncé?
Alors que les pronoms personnels en question , la troisième personne en genre et en nombre, ne se rapportent en rien avec la question du sujet d' énonciation.
Mais ils(le terme ils ' mis pour les pronoms, manière de les résumer, en évitant le fastidieux de la répétition infinie) ont tout avoir avec les sujets d' un enoncé, sujets sous forme de substantifs, ou de noms communs et propres, eux même déclinés en genre et en nombre, que les pronoms raccourcissent en les reprenant.
Ce qu' on appelle une fonction de représentation.
Les pronoms sont ainsi des représentants.
En quoi ceci est il gênant pour un locuteur et locutrice?
D' autant plus qu' ils reprennent ( toujours mis en place des noms) des éléments qui en eux même ne sont pas genrés, par une sexuation.
Un arbre, une trottinette, des patins à roulettes, une route, un chemin, ce sera -il(s).
Ils, si l' on sousentend les elements dans leur ensemble, de la situation dont on vous parle.
Etc...Marqués en nombre, pas en genre.
Car ces pronoms, en situation d' oralite, peuvent avoir leur fonction de representant, parasitee par une fonction plus démonstrative, une fonction de deictique, accompagnés d' un geste, " ils' ou 'elles ' ou ' eux', cest à dire une désignation, ou alors une numération.
On compte des éléments qui se présentent à nous sous une dimension physique, donc une apparence physique.
On a faire avec des apparences d' hommes et de femmes.
On ne se rapporte pas a la question de leurs subjectivites.
Mais a celle de leur nombre selon le genre immédiat de l' apparence , ou a celle du genre selon le nombre de leurs apparences.
L' usage des pronoms renvoit a une situation ou le locuteur , omniscient ou partiel, se retire et résume le devant soi, lui meme en tiers exclu.
( principe de logique).
Il fait abstraction de soi dans le decompte.
Il objective .
En dehors de tout rapport a soi.
Donc pour se sentir gené, il faut confondre le ' ils ou ' elles comme hypostases du ' je', ou du ' tu'.
Comme si la fonction de la troisième personne était de représenter le je et le tu.
Ce qui a pour effets de nous ramener a un 'Nous'.
Sans aucune exteriorite comptee ou comptable qui differe du nous , mêmes je et tu.
La est le problème, la confusion, le trouble identificatoire des fonctions.
La est le symptome.
On peut être Bi, trans, travesti, homo, mais on est pas exempts pour cela de troubles psychiques, graves.
Ce n est pas une raison suffisante pour les instances culturelles de changer, de modifier la langue, selon la logique interne aux troubles.
On peut être bi, trans, travesti, homo, et parlaient correctement la langue française.
Encore faut il qu il y ait eu des enseignants, instituteur(e)s , professeur(e)s, qui eurent expliqué convenablement les causes par lesquelles on est amené à dire - il(s), et elle(s), et en quoi ça differe de je et nous.
Un grave problème du moment , c est que la linguistique enregistre la langue telle qu elle se parle, ( et non telle qu ' elle s' ecrit), et les usages oraux ne font pas jurisprudence sur les usages écrits, quoi que l'on en ait dit , par ailleurs.
Arrive-- la socio- linguistique, voire la sexo- linguistique, mais l' usage de locution , par des groupes sociaux demeurant minoritaires , ne préjugent en rien que l' usage ne soit pas , non pas deviant, en regard d' une norme, mais pathologique, en regard de la souffrance d' un sujet., ou de sujets d' énonciation , de chair et d' os.
En ce qui me concerne, ' iel' ou ' iels' est pathique.
Aux psycho- linguistes de se prononcer à leur tour.
Aradigme
21/11/2021 à 09:33
La phrase "Malgré un usage encore faible – d’autant plus à l’oral qu’à l’écrit" me parait une litote. Je n'ai jamais rencontré ces mots, que ce soit à l'oral, dans la vie courante, à la radio ou la TV, ou à l'écrit, que ce soit dans des livres ou des sites web.
Deux options s'ouvrent dès lors pour décrypter la décision du Robert qui justifie l'introduction de ces mots en expliquant qu'il veut "rendre compte de l’évolution d’une langue française en mouvement".
Soit les décideurs du Robert n'évoluent que dans un milieu extrêmement restreint, limité à quelques centaines d'individus dont certains utilisent ces vocables pour exprimer des positions culturo- politiques extrêmes, et considère que ce groupe représente la population française dans son ensemble, ce qui rappelle la situation des décideurs de Versailles à la fin de l'Ancien Régime, soit le Robert a décidé de faire le buzz et de s'offrir un coup de pub à peu de frais.
JV
21/11/2021 à 10:09
Bernard Cerquiglini, lexicologue chez Larousse, l'a très bien expliqué : l'utilisation de iel à l'écrit comme à l'oral ne satisfait pas à la condition quantitative, l'occurrence de ce pronom (?) étant en l'occurrence "nullissime". On ne le lit nulle part, sinon dans un petit nombre d'écrits militants ; on ne l'entend nulle part, sinon dans la bouche d'un petit nombre de militants. Au moins aurait-il fallu, par honnêteté, introduire un avertissement sémantique rendant un compte fidèle du domaine d'emploi : "MILITANTISME", ou qu'en sais-je.
"Malgré un usage encore faible – d’autant plus à l’oral qu’à l’écrit..." - dans le chapeau de l'article - est une concessive aberrante, qui prétend enjamber un obstacle dirimant à l'admission d'un mot dans le dictionnaire : rappelons, en tout bon sens, que celui-ci est censé rendre compte d'un usage partagé, étendu et durable des éléments de la langue, sans quoi n'importe quel néologisme politique ou création lexicale qui a son succès momentané (ce n'est d'ailleurs pas le cas de "iel") a sa place dans cet ouvrage qui ne devient plus qu'une oeuvre informe, sans direction, sujette à toutes les vicissitudes de l'époque.
Contrairement à ce qu'il prétend, et qui ne trompe personne, Le Robert suit donc bien une démarche militante et non scientifique. Le but était évidemment de faire de la publicité à la maison d'édition... C'est réussi : deux jours de débats sur les chaînes d'information, des sujets aux vingt heures, des articles dans la presse... Formidable!
Heureusement, ces forgeries (et j'y intègre l'écriture inclusive en son ensemble) mourront d'être inusitées, et j'y aiderai en les ignorant. Elle ne sont pas propres à la vie de la langue, qui suit ses principes intangibles : de l'efficacité et de la clarté, en somme un certain bon sens. Les complications et les obscurités se greffent toujours très mal au corps de la langue, et sont bientôt après leur création et leur effet de mode, rejetées ; voir sur ce point de sort du langage des Précieuses, dont il nous reste encore en témoignage posthume tout un... dictionnaire!
Loutrage
22/11/2021 à 18:36
Grande question sur ce qui justifie qu'un terme rentre au dictionnaire : l'usage répandu ou l'idéologie ?
Jusqu'à présent Le petit Robert s'est toujours basé sur l'usage : les mots apparaissaient en fonction de leur utilisation dans la population.
Désormais, il semble que l'idéologie semble primer. En effet, le "iel" n'est quasiment jamais utilisé nul part, et la majorité des francophones d'ici ou d'ailleurs l'ont découvert en même temps que ce choix éditoriale.
Le problème c'est que si cette institution qu'est le Robert met le doigt là-dedans, c'en est fini de la neutralité de ce dictionnaire.
Je sens déjà venir les pétitions pour que soit retirés des mots car ils heurteraient la sensibilité d'untel ou untel...