#Roman étranger

Les cendres d'Angela. Une enfance irlandaise

Frank McCourt

Difficile de croire que Les Cendres d'Angela aient déjà vingt ans, pourtant le livre de Frank McCourt a mieux vieilli que la plupart de ceux de la même époque, du fait notamment qu'il n'a rien perdu de sa justesse. Il est peut-être plus pertinent que jamais. L'autobiographie de McCourt a touché la France au coeur, réussi à faire rire ses lecteurs même en ce qu'elle recèle de plus sombre. Aujourd'hui, en 2017, elle est capable d'apporter un éclairage particulier sur notre situation, guère plus réjouissante. C'est, à la base, l'histoire d'un immigré, confronté à la pauvreté, à la solitude, à l'oppression, mais également le récit d'une lutte contre le pouvoir, d'une conquête des possibles, qui passe en revue les thèmes de la foi, de l'adhésion à une communauté, de l'isolement. Deux décennies plus tard, tout est encore là : la violence, l'exil, la privation, le besoin. Imaginez que vous apportiez un exemplaire du livre dans les tours de Saint-Denis, que vous le lisiez sur les quais de Marseille, que vous en discutiez dans la jungle de Calais avec les réfugiés. Leur propre histoire commence de la même façon. Nous ignorons seulement si elle connaîtra un dénouement analogue. Extrait de la préface de Colum McCann

Par Frank McCourt
Chez Belfond

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Editeur

Belfond

Genre

Littérature étrangère

1

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Préface

 


* * *

 

 

Au matin, tout sera pardonné

 

« Je crois que c’est en cela que réside tout le sens de la création littéraire : dans l’art de décrire des objets ordinaires tels que les réfléchiront les miroirs bienveillants des temps futurs ; dans l’art de trouver dans les objets qui nous entourent cette tendresse embaumée que seule la postérité saura discerner et apprécier dans les temps lointains où tous les petits riens de notre vie simple de tous les jours auront pris par eux-mêmes un air exquis, un air de fête, le jour où un individu ayant revêtu le veston le plus ordinaire d’aujourd’hui sera déguisé pour un élégant bal masqué. »

Vladimir NABOKOV

 

 

Difficile de croire que Les Cendres d’Angela aient déjà vingt ans, pourtant le livre de Frank McCourt a mieux vieilli que la plupart de ceux de la même époque, du fait notamment qu’il n’a rien perdu de sa justesse. Il est peut-être plus pertinent que jamais. L’autobiographie de McCourt a touché la France au cœur, réussi à faire rire ses lecteurs même en ce qu’elle recèle de plus sombre. Aujourd’hui, en 2017, elle est capable d’apporter un éclairage particulier sur notre situation, guère plus réjouissante. C’est, à la base, l’histoire d’un immigré, confronté à la pauvreté, à la solitude, à l’oppression, mais également le récit d’une lutte contre le pouvoir, d’une conquête des possibles, qui passe en revue les thèmes de la foi, de l’adhésion à une communauté, de l’isolement. Deux décennies plus tard, tout est encore là : la violence, l’exil, la privation, le besoin. Imaginez que vous apportiez un exemplaire du livre dans les tours de Saint-Denis, que vous le lisiez sur les quais de Marseille, que vous en discutiez dans la jungle de Calais avec les réfugiés. Leur propre histoire commence de la même façon. Nous ignorons seulement si elle connaîtra un dénouement analogue.

Les Cendres d’Angela sont un chant d’amour, à la fois local et universel, à tous les possibles. Frank nous parle de ce qui est arrivé à Frank, mais aussi, partout dans le monde, à chaque Frans, Faransis ou François que nous ne connaissons pas, ne voyons pas, et dont nous ne nous soucions peut-être guère. Le récit prend forme dans les années 1930 à Limerick, mais cela pourrait être à présent Alep, ou les Philippines, ou la République centrafricaine. Si le livre s’inscrit dans un décor particulier, il trouve cependant une place dans notre vaste imaginaire.

La littérature rend d’autres vies possibles. Nous pouvons être tellement plus que nous-mêmes. Au fond, elle nous demande aussi de découvrir notre infinité.

Pour lui et ses lecteurs, Frank a conçu son livre comme une immersion totale. Sa formidable histoire nous éclaire de l’intérieur. Il ne l’a publiée qu’à soixante ans passés et, à sa grande surprise – comme à celle du monde entier –, il en a vendu des millions d’exemplaires. La France a aimé McCourt pour bien des raisons : il déclenchait les rires, appréciait d’être reconnu, admettait humblement qu’il avait été long, le chemin, entre O’Connell Street et le quai Voltaire.

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trad. Daniel Bismuth, Jean-Luc Piningre
19/10/2017 438 pages 20,90 €
Scannez le code barre 9782714447920
9782714447920
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