Paris insolite de Jean-Paul Clébert avait été un formidable succès public de l’année 1952. Découvert et soutenu par Cendrars, il manqua de peu le Goncourt.
Le 03/03/2012 à 14:18 par Les ensablés
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03/03/2012 à 14:18
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Par Denis Gombert
L’affiche publicitaire mentionnait « Jean-Paul Clébert : âge 26 ans, profession : clochard ». Étonnement Clébert, né à Neuilly, était un ancien pensionnaire des jésuites de la rue de la Pompe. Mais le jeune homme qui s’était engagé dans la Résistance dès ses 16 ans décida de ne plus rentrer dans le rang et de mener désormais une existence libre, affranchie de toutes contraintes. Marginal volontaire, Clébert vécut dans la rue dont il fit son théâtre d’existence et son laboratoire d’écriture. Comme nul autre, il raconta le Paris des sans le sou et des sans grades. A la fois âcre et intense, cette expérience révéla la poésie et la violence du macadam bien avant l’ère beatnik. A sa façon, Clébert était en avance sur son temps. C’est peut-être pourquoi il se retira très tôt dans le Lubéron pour se consacrer à la Provence dont il devint l’un des meilleurs historiens.
Avec succès, les éditions Attila ont réédité Paris insolite en 2009. Jean-Paul Clébert nous a quitté en 2011, Je voulais vous parler de La vie sauvage, suite du Paris insolite mais injustement oublié. L’ouvrage n’a jamais été réédité par Denoël. La vie sauvage est le pendant campagnard de Paris insolite. L’ensemble forme un diptyque. Voici les pérégrinations de Clébert par les champs et par les grèves, voici comment la couche d’herbe molle remplace le bitume. Mais sous la lune, le ciel étoilé des vagabonds reste le même. Après avoir été un temps manutentionnaire et peintre de coques de bateaux à l’arsenal de Cherbourg, Clébert décide de repiquer à la vie errante, seul mode d’existence qui puisse entièrement le satisfaire. « Après une certaine accoutumance, je me débrouillais fort bien à vivre, sans argent, ni travail régulier, n’écoutant que mon instinct », annonce-t-il en préambule de La Vie sauvage.
Après un bref retour à Paris, histoire de retrouver quelques cloches, traînes savates et autres miséreux de sa connaissance, notre homme fomente le grand projet de partir pour le sud. Et de là s’embarquer sur n’importe quel bateau… Fini le froid, les mauvaises couches, les coups du sort, il rêve d’un peu de chaleur. La vie de Bohême souffre mal le sens fléché des panneaux d’orientation. La trajectoire de notre homme ne sera donc pas tout à fait rectiligne. Embarquant à bord d’un camion, il commence par atterrir du côté d’Orléans, chaparde un peu, dort dans les talus, parfois trouve une grange et une fille, fait son entrée au bar où chacun raconte son histoire. Une nuit : festin grandiose au bord de la route avec deux algériens « proprement occupés à dépecer un agnelet ». La soirée finira en bagarre. « Ils se cisaillèrent à coups de dents les appendices du visage, le blair et les esgourdes saignés à blanc comme le défunt agnelet ». Voilà pour l’ambiance.
Un peu en tracteur et beaucoup à pied, c’est au sud de Dijon qu’il finit par découvrir « une des dernières régions sauvages de France, une région proprement fantastique, une forêt vierge, pleine de grottes et de roches, de trous et de fondrières, d’histoires et de légendes. Le paradis rêvé des ermites, solitaires, troglodytes, braconniers et malandrins, traqués de tout poil ». Un temps, il se pose ici, dans le camp de ses amis gitans. Il y est reçu comme un moré , ce qui veut dire « un frère » et non pas comme un gadjo, « l’étranger ». Il a l’insigne honneur de dormir sous une roulotte mais n’a pas le droit de regarder les filles, ce qu’il fait quand même. Les flics débarquent. Il s’enfuit au hasard. Quatre longues journées sans manger avant de dévaliser de nuit une épicerie. Et ainsi de suite jusqu’à Avignon ; Marseille enfin. A peine le temps de ramasser quelques mégots et d’humer l’odeur de la mer sur le vieux port qu’il se fait alpaguer par la flicaille. Il écope de quinze jours de prison pour vagabondage. Lion en cage, il maugrée à défaut de rugir. Promis, quand il sortira, ce sera pour l’aventure, la vraie. Dès sa libération, observant le manège des dockers sur les quais, il se faufile. « Au bout du wharf, j’avisai un cargo norvégien qui portait au mât le pavillon bleu des levées d’ancre… j’y grimpais ». Ainsi s’achève La vie sauvage, sur une nouvelle invitation au voyage. Tout comme Paris insolite, on est stupéfait par l’esprit d’aventure qui anime ces pages. Clébert est notre Kerouac français, une sorte de dandy clochard qui, à la manière des romantiques, ne se sentant bien nulle part, sont poussés à toujours aller voir plus loin, ailleurs. Anywhere out of the world. Au fond, La vie Sauvage n’est pas un grand roman. Loin s’en faut. Mais c’est un bon récit, ce qui est déjà beaucoup. En fait, il touche plus intimement que n’importe quel discours à l’essence du voyage. Il renferme des nostalgies et ouvre des horizons.
Au rythme de la déambulation, chaque portrait, chaque scène, chaque humeur se télescopent. Le spectacle de la vie est à saisir comme une fleur qu’on ramasse sur le bord de la route. Et puis, en homme de mots, Clébert sait élargir les pans de la page. Le sens du poétique s’y cache ou s’y déploie, en accordéon. On vit plus intensément quand on voyage de même qu’on vit plus intensément quand on lit ; et quand Clébert déclare : « combien de touristes ont fait trois fois le tour du monde et n’ont pas vu le centième de ce que j’ai vu », on le croit volontiers.
Denis Gombert Mars 2012
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BONNES FEUILLES - « Je n’ai jamais côtoyé de célébrités. Aujourd’hui, je peux dire que je n’en connais aucune, à la différence de ma mère et surtout de mon père qui m’a laissé entendre qu’il avait eu une relation avec la chanteuse yé-yé Sheila, quand il était étudiant à l’institut Fournier. »
10/05/2024, 07:30
Dans de nombreux ouvrages et films, on retrouve, à la racine de l’intrigue, un improbable gain au loto, plus ou moins astronomique. A croire que la possibilité de faire fortune en un claquement de doigts irrigue l’intérêt des lecteurs ou des spectateurs.
09/05/2024, 17:21
BONNES FEUILLES – Longtemps considérées avec méfiance, voire avec une certaine crainte, les émotions jouissent désormais d’une réhabilitation notable. Psychologie des émotions, c’est le nouvel ouvrage co-écrit par les professionnels du milieu pour mieux les comprendre, et ainsi les appréhender.
09/05/2024, 08:00
BONNES FEUILLES – Renversant la perspective occidentale habituelle sur l'Orient, Paris en lettres arabes étudie les échanges entre les auteurs arabes et la France. Coline Houssais place le curseur sur Paris, et se concentre sur les sphères intellectuelles de la capitale.
09/05/2024, 07:30
Originellement sorti en numérique avant que Dark Horse ne l’imprime, Canary est signé Scott Snyder, scénariste fou, sur des dessins de Dan Panosian. Mêlant horreur moderne, faits historiques et légendes de l’Ouest, ils signent un thriller terrifiant (traduction : Nick Meylaender). Du grand western, où les créatures des profondeurs collent des frissons…
08/05/2024, 19:58
BONNES FEUILLES – Il y a sept siècles, Maître Eckhart nous quittait, laissant derrière lui une œuvre mystique qui explore des questions essentielles. Les éditions du Seuil proposent aujourd'hui une nouvelle traduction des sermons, signée Éric Mangin.
08/05/2024, 08:00
En janvier dernier, la collection de la Pléiade rééditait les deux volumes - de 1993 et 1994 -, de l’oeuvre complète de Pierre de Ronsard, le prince… de la Pléiade. La bande de poètes du XVIe siècle cette fois. Plus proches des meilleurs rappeurs actuels que nos poètes d’aujourd’hui, faut bien s’en rendre compte. Leur projet : sublimer la langue méprisée, la réinventer, lui donner de la chair, lui injecter du sang, la faire battre comme un coeur...
07/05/2024, 18:33
BONNES FEUILLES – Cinq adolescentes se retrouvent échouées sur une île déserte. Oscillant entre les impératifs de survie et les interrogations identitaires, ces jeunes héroïnes traversent la frontière de l’enfance pour atteindre l’âge adulte, sous la plume habile de Kim Fu. Traduit de l’anglais par Annie Goulet, ce roman d’aventures tisse une trame narrative captivante.
07/05/2024, 08:00
BONNES FEUILLES – L'effondrement tragique d'une famille indienne commence avec la mise en ligne d'une vidéo intime dans laquelle le fils aîné apparaît, à son insu, dans le rôle principal. Jeune couple s'éclate en plein air marque le début littéraire d'Aravind Jayan, ouvrage traduit de l'anglais (Inde) par Benoîte Dauvergne.
07/05/2024, 07:30
À l’écart des hommes qui ne cessent de s’entretuer, une espèce animale s’est développée depuis des siècles pour devenir bien supérieure à celle des humains. Osamu Tezuka signe avec ZéroMan une huitième publication chez les éditions FLBLB.
06/05/2024, 16:54
Avec Baguenaudes, Marion Jdanoff nous convie à une réflexion plastique et poétique sur la question de la représentation de l’érotisme. Elle développe un dictionnaire formel construit autour de multiples recherches sur le rapport au corps.
06/05/2024, 16:23
BONNES FEUILLES - Layla, syrienne chrétienne, libre et indépendante, résiste à la guerre depuis le début. Cependant, quand la révolution islamiste ravage Alep en 2011 elle doit quitter sa ville pour se réfugier à Damas tout en voyant sa terre natale réduite en fumée.
06/05/2024, 08:30
BONNES FEUILLES - La Chartreuse de Naples commence lorsque le marquis Alessandro de Paladini arrive dans une Naples florissante, alors la deuxième ville d’Europe, avec dans ses bagages, le tableau Le Mariage de la Vierge : une toile de l’atelier du Tintoret, peintre à Venise vers 1550. C'est ce tableau, doté de pouvoirs exceptionnels, qui en est le narrateur de cette histoire.
06/05/2024, 07:30
BONNES FEUILLES - « Oui, il urge de te lire et de te connaître. Il urge de citer ton travail et de le replacer dans une généalogie des féminismes, dans une histoire des féminismes noirs où il a sa place entre les théorisations du Combahee River Collective, bell hooks, la matrice des oppressions de Patricia Hills Collins et l’intersectionnalité tel que vulgarisé par Kimberlé Crenshaw. »
05/05/2024, 08:30
BONNES FEUILLES - Christine van Geen, philosophe, explore et déconstruit la figure controversée de l'allumeuse dans son essai destiné au grand public, à la fois libérateur et exigeant. L'autrice examine les mythes, les contes, le cinéma, et même les faits divers, anciens et récents, pour remettre en question et réhabiliter la figure de la séductrice, lui redonnant ses lettres de noblesse.
05/05/2024, 07:30
BONNES FEUILLES - Imaginez transformer les activités quotidiennes comme se réveiller, marcher, ou prendre une douche, ainsi que les interactions personnelles telles que consoler un ami, en moments de pleine conscience envers soi-même et les autres.
05/05/2024, 06:30
Quand on merde, dans certains métiers, il importe de se faire gentiment oublier. Un plombier qui provoque un dégât des eaux, par exemple, deviendra surveillant de piscine. Mais un homme de main tuant le type qui n’aurait pas dû mourir… Lucien n’a plus le choix, pour échapper à son patron : il troque ses baskets contre une soutane, et une nouvelle vie…
04/05/2024, 22:41
Et soudainement, tout fut chamboulé : Melissa da Costa, après cinq semaines dans le classement des 200 meilleures ventes, finit par prendre la première place. 13.268 exemplaires vendus des Femmes du bout du monde Prix Maison de la Presse 2023. Une réjouissante nouvelle pour l'éditeur Livre de Poche, et qui ne s’arrête pas là…
04/05/2024, 14:29
BONNES FEUILLES - “Il n’est pas besoin d’appartenir à aucune religion organisée pour sentir le choc spirituel de cette procession d’antiques pensées ; les unes sont flétries, surannées, les autres vides de toute espérance, comme les tiges de plantes mortes, mais aucune ne manque absolument d’un certain pathétique planétaire.
04/05/2024, 07:30
BONNES FEUILLES - ‘‘Le point de départ de toutes les théories mystiques du langage, par conséquent aussi de celle des kabbalistes, est la conviction que le langage, le médium dans lequel s’accomplit la vie spirituelle de l’homme, possède une face intérieure, un aspect qui ne se laisse pas réduire aux rapports de communication entre les êtres.
04/05/2024, 06:30
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